"L’histoire, c’est l’étude du changement" : Yuval Noah Harari est l'invité des Matins

Yuval Noah Harari lors d'une conférence à l'Université Libre de Bruxelles, le 27 janvier 2020 ©AFP - KRISTOF VAN ACCOM
Yuval Noah Harari lors d'une conférence à l'Université Libre de Bruxelles, le 27 janvier 2020 ©AFP - KRISTOF VAN ACCOM
Yuval Noah Harari lors d'une conférence à l'Université Libre de Bruxelles, le 27 janvier 2020 ©AFP - KRISTOF VAN ACCOM
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L'historien israélien Yuval Noah Harari est l'invité des Matins. Révélé par son livre "Sapiens : une brève histoire de l'humanité". Vendus à plus de 45 millions d'exemplaires dans le monde, ses ouvrages proposent une lecture de l'histoire et de l'avenir de l'humanité.

Avec
  • Yuval Noah Harari historien et professeur d’histoire à l’université hébraïque de Jérusalem, auteur du best-seller international Sapiens, une brève histoire de l’humanité (Albin Michel) et de Pourquoi le monde est-il injuste ? (illustré par Ricard Zaplana Ruiz, chez Albin Michel Jeunesse, 2023)

L'auteur Yuval Noah Harari, au succès international grâce à son best-seller Sapiens : une brève histoire de l'humanité, revient sur les différents évènements qui ont émaillé l'année 2023. Il aborde la résurgence brutale et sanglante du conflit israélo-palestinien depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre, ainsi que les efforts que l'humanité doit concéder pour pouvoir vivre ensemble.

Comment interprète-t-il les évènements du 7 octobre en Israël ?

"Je crois que la chose principale à comprendre, c'est la raison pour laquelle le Hamas a attaqué Israël le 7 octobre. Israël était en fait très près de signer un traité de paix historique avec l'Arabie Saoudite. Cette perspective de normalisation a été ressentie comme une menace par le Hamas, leur but a été de faire dérailler ces négociations et de semer les graines d'une haine terrible pour qu'il n'y ait pas de paix dans les générations à venir." explique Yuval Noah Harari.

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S'il soutient la guerre menée par Israël contre le Hamas afin de rétablir la sécurité pour les israéliens, il questionne toutefois ses finalités : "le but de la guerre doit être la normalisation et la paix. Malheureusement, le gouvernement ne s'engage pas dans ce but. Cette guerre va détruire toutes les chances de paix que le Hamas a laissé ouverte".

Un éclairage sur le vivre-ensemble

À travers ses travaux d'historiens, Yuval Noah Harari parvient à éclairer sur les rapports des individus entre eux au fil du temps. Il déconstruit l'idée que la guerre est un phénomène intemporel en expliquant que les chasseurs-cueilleurs, il n'y avait que très peu de guerre. Il souligne néanmoins que c'est l'arrivée de l'agriculture qui a mené à la guerre, car les groupes d'individus protégeaient leurs biens des autres groupes.

L'historien insiste sur l'importance du récit dans la cohésion sociale : "ce qui nous permet de coopérer en grand nombre, ce sont les récits que nous nous transmettons. C'est très clair dans le cas de l'histoire des religions. La croyance dans une même mythologie permet de coopérer. C'est la même chose pour les nations. Les récits sont aussi la raison principale pour les conflits à travers le monde." Selon lui, c'est même le principal facteur de tensions dans le conflit israélo-palestinien, car des récits contraires se construisent et sont transmis de deux côtés.

L'Invité(e) des Matins
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L'IA, "une entité à part de l'histoire" ?

Yuval Noah Harari affirme que l'IA est révolutionnaire dans l'histoire dans la mesure où elle disposerait d'une agentivité, soit d'une capacité d'action : "elle peut prendre des décisions, elle peut créer des manifestes. Quand on lit des informations sur les réseaux sociaux, c'est l'IA qui a décidé de nous faire lire un contenu qui va activer notre affect. Quand on va voir un banquier pour avoir un prêt, c'est en réalité une Intelligence artificielle qui va décider in fine."

Toutefois, il relativise sur le fait que le développement de l'IA ne peut pas être mauvais, et souligne les aspects positifs de cette innovation, mais insiste sur la nécessité d'encadrer cet outil : "les entreprises qui créent des outils d'intelligence artificielle ne devraient pas laisser cet outil circuler avant de l'avoir contrôlé sous tous ses angles."

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