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Yuval Noah Harari : « Le véritable antidote à l’épidémie n’est pas le repli, mais la coopération »

L’auteur de « Sapiens. Une brève histoire de l’humanité », rappelle que l’humanité est parvenue, au cours du dernier siècle, à faire reculer l’impact des épidémies.

Publié le 05 avril 2020 à 15h19, modifié le 06 avril 2020 à 06h57 Temps de Lecture 10 min.

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A l’hôpital Walter Reed à Washington, pendant l’épidémie de grippe qui a infecté un tiers de la population mondiale, ici en novembre 1918.

Tribune. Face à l’épidémie due au coronavirus, beaucoup accusent la mondialisation et prétendent que le seul moyen d’éviter que ce scénario se reproduise est de démondialiser le monde. Construire des murs, restreindre les voyages, limiter les échanges. Et pourtant, si le confinement, à court terme, est essentiel pour freiner l’épidémie, l’isolationnisme, à long terme, provoquerait un effondrement de l’économie sans offrir aucune protection contre les maladies infectieuses. Au contraire. Le véritable antidote à l’épidémie n’est pas la ségrégation, mais la coopération.

Les épidémies ont tué des millions de gens bien avant l’ère de la mondialisation. Au XIVe siècle, il n’y avait ni avion ni bateaux de croisière, ce qui n’a pas empêché la peste noire de se répandre de l’Extrême-Orient à l’Europe occidentale en guère plus de dix ans, tuant au moins un quart de la population. En 1520, au Mexique, il n’y avait pas de trains, pas de bus et pas même d’ânes, et, pourtant, une épidémie de variole a décimé en six mois à peine un tiers de ses habitants. En 1918, une souche particulièrement virulente de grippe parvint à se répandre en quelques mois jusque dans les coins les plus reculés de la planète. Elle contamina plus d’un quart de l’espèce humaine et causa la mort de dizaines de millions de personnes en moins d’une année.

« La meilleure défense dont les hommes disposent contre les pathogènes, ce n’est pas l’isolement, c’est l’information »

Au cours du siècle qui a suivi, l’humanité est devenue encore plus vulnérable aux épidémies par l’effet combiné d’une amélioration des transports et d’une croissance des populations. Aujourd’hui, un virus peut voyager en classe affaires à travers le monde en 24 heures et infecter des mégapoles. Nous aurions donc dû nous attendre à vivre dans un enfer infectieux où des fléaux mortels se seraient répandus les uns après les autres.

Or, l’ampleur et l’impact des épidémies ont, en réalité, considérablement diminué. Malgré des virus abominables comme le VIH ou Ebola, jamais depuis l’Age de pierre les épidémies n’ont causé aussi peu de morts, en proportion, qu’au XXe siècle. C’est parce que la meilleure défense dont les hommes disposent contre les pathogènes, ce n’est pas l’isolement, c’est l’information. L’humanité a remporté la guerre contre les pathogènes parce que, dans la course aux armements à laquelle se livrent les pathogènes et les médecins, les pathogènes comptent sur des mutations aveugles et les médecins sur des analyses de données scientifiques.

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